
La réunion du 2 mars, consacrée au thème « Transition Écologique », a rassemblé une bonne trentaine de participants. Après avoir souhaité la bienvenue aux citoyens venus débattre, Mme le Maire s’est réjouie de constater l’intérêt suscité dans la commune par le « Grand Débat » national Cette session a d’abord mis l’accent sur l’importance des échelles de temps et d’espace propres au thème débattu, paramètres qui rendent difficiles les diagnostics et le choix des mesures à encourager ou à prendre pour engager une transition énergétique en vue de la transition écologique.
De plus, dans ce domaine, les problèmes de temps et de dimensions se conjuguent à des freins culturels, économiques, sociaux et sociétaux et à des disputes d’ordre scientifique qui nécessitent le croisement de points de vue des citoyens, des consommateurs, des forces de production. Il faut souligner aussi la nécessité de normes aussi objectives que possible qui se heurtent parfois de plein fouet à d’anciennes habitudes culturelles…
Mais d’emblée l’assemblée s’accorde à dire que les arbitrages sont du ressort des pouvoirs publics et que les mesures d’incitation doivent être couplées à des dispositions obligatoires et coercitives car comme la menace climatique se manifeste par des processus lents, cela entrai ne des formes d’insouciance qui ne facilitent pas les prises de conscience.
Le thème est donc d’une ampleur inédite et n’y consacrer que deux heures relève forcément de choix arbitraires opérés par l’assistance, à partir d’un panel de suggestions de l’animateur.
C’est l’échelle locale qui a surtout retenu l’attention des participants, échelle qui va de l’individu à la collectivité, celle de la commune d’abord dont le rôle doit résolument (re) devenir pré-éminent. A charge de l’État ou des nouvelles Régions d’engager – selon plusieurs participants – une réorganisation des services publics dans ce sens. A charge des individus à faire valoir leurs doléances et leurs propositions, voire à œuvrer par l’exemple souvent contagieux (celui des circuits courts, des pratiques de recyclage, des modes de consommation, etc. …) en activant les associations diverses et variées au-delà du simple périmètre domestique.
Il apparaît que cette nécessaire mise en cohérence politique n’est pas aisée à appréhender, encore moins à mettre en œuvre et que la première étape est celle du rassemblement, du lobby à inventer.
La mission de l’École (formation / instruction) est succinctement évoquée.
En résumé les individus doivent être les principaux acteurs du changement qui ne peut être conçu que pas à pas.
Une proposition importante consiste aussi à déconcentrer et à décloisonner des services étatiques ou para-étatiques en installant dans les mairies des consultations publiques tournantes grâce à des assistants départementaux, donc à se rapprocher des usagers et des besoins : il ne s’agit pas seulement de tenir compte d’une fracture numérique, mais plus encore de prendre en considération la difficulté des administrés à bien appréhender les textes en vigueur et leurs complexités qui donnent lieu à de véritables maquis: normes, réglementations, dispositions fiscales particulières, etc…Il faut souligner avec force que accessibilité et proximité sont synonymes d’efficacité.
Sans la compréhension, puis l’adhésion de la population à des mesures de transition progressives, et à des gestes forts de persuasion, rien ne sera possible.
Des simplifications s’imposent, sinon il y a blocage et l’obstacle qui en découle devient insurmontable.
A cet égard , de nombreuses prises de parole ont porté sur les questions d’écoconstruction (maisons passives, maisons solaires), d’ achats ou de renouvellements raisonnés d’équipements (électro-ménagers) et sur l’obsolescence programmée, sur les procédés de réparation, d’élimination des déchets (de déconstruction notamment.) et de leur valorisation. Les échanges se placent sous le double aspect « durabilité / réparabilité »
La surconsommation et le gaspillage sont mis en exergue : ils doivent être pédagogiquement dénoncés et les alternatives à une consommation débridée expliquées et justifiées, dès le plus jeune âge. Certains insistent – avec l’approbation de tous – sur les mesures à prendre à la source : le cas des conditionnements (emballage, kits de présentation, …) est, bien sûr mis en avant pour illustrer la responsabilité du commerce, mais aussi la possibilité avérée de l’intervention de l’État au motif des pollutions à grand échelle, y comprises celles par micro-déchets.
Par ailleurs l’importance du PLU (ou du PLU-I si on s’intéresse à l’échelle de l’agglomération) a surgi dans le débat, celle aussi de la loi ALUR: clarification des règles dont certains investisseurs et maîtres d’ouvrage auraient tendance à s’exonérer, importance cruciale des modes d’occupation des sols imperméabilisation des sols, bassins de rétention, végétalisation des zones urbaines, plans de circulation, règles d’implantation par rapport aux quatre points cardinaux et à la course du soleil, dangers du mitage qui menace le foncier agricole et donc peut entraver la production de proximité (maraîchère, laitière, abattage et production de viandes, …) et par voie de conséquence obérer les circuits courts de consommation dont plusieurs vertus doivent être rappelées, à commencer, évidemment, par la relocalisation d’activités économiques et industrielles, par de faibles rejets de gaz à effet de serre.
Pour certains le coût des nouvelles techniques de construction paraît prohibitif, en définitive dissuasif, nonobstant le retour sur investissement qui nécessite plusieurs années, mais qui n’est pas suffisamment explicité, c’est à dire évalué. Pour autant l’industrie du bâtiment doit revoir ses coûts.
D’une manière générale les participants appellent de leurs vœux plus d’informations à caractère éducatif. Voilà aussi re-posée plus généralement la question du financement de la transition énergétique et de l’équilibre à trouver entre efforts personnels et efforts de la collectivité au sens large, car il y va aussi des déficits de la balance commerciale de la France. Les recettes fiscales et leur affectation font partie de l’équation.
L’incitation par la fiscalité est manifestement une voie à ré-explorer, comme celle des règles à imposer aux entreprises. Sous cet angle, l’Europe du nord doit servir de modèle.
Ainsi donc il n’y a pas que l’énergie qui coûte cher : le prix à payer pour les économies d’énergie elles mêmes, pose lui aussi des difficultés, même si les économies d’énergie sont synonymes de nouveaux métiers, de nouvelles exploitations de ressources propres, de nouvelles pratiques sociétales (covoiturage, circuits piétons, … ) et donc de transition écologique.
A plusieurs reprises les interventions des uns et des autres ont insisté sur les compétences et les responsabilités (y comprises législatives ou répressives ou simplement d’accompagnement) de la commune et /ou de l’agglomération et cela va sans dire de l’État, voire de l’Europe :
- au sujet des pollutions lumineuses qui portent atteinte à la faune : disparition des insectes, des oiseaux, et donc atteinte à la biodiversité indispensable à l’équilibre de nos eco-systèmes
- au sujet des fortes nuisances sonores – les nocturnes en particulier
- qui ne sont pas sans effet sur la santé
- au sujet de la qualité de l’air dégradable par les trafics routiers en tout genre
- au sujet de l’agriculture intensive et de l’usage des pesticides
- au sujet des pollutions engendrées par les modes d’extraction eux-mêmes.
Ces remarques ont conduit à plusieurs développements portant sur la santé mettant en parallèle les effets à l’échelle individuelle et ceux (moins mesurables) à l’échelle collective. Dans les deux cas le manque d’indicateurs éprouvés est patent et il faut y remédier : c’est un sujet éminemment politique.
L’opposition entre intérêts individuels et intérêts publics doit être clairement posée et soumise aux citoyens (trop souvent trompés par des publicités « mensongères, mais par ailleurs plus attentifs et lucides), faute de quoi on se perd dans une cacophonie impropre à déclencher des stratégies d’aménagement et de développement durable.
Faute de temps et d’informations crédibles le thème de la mondialisation (qui reste relativement opaque) n’a donné lieu qu’à de maigres échanges superficiels. Il en est, toutefois, ressorti quelques exigences très nettes :
- il faut des gendarmes planétaires pour ne pas se condamner à l’impuissance,
- il est impératif de réduire la distance entre les citoyens et les organismes d’échelle mondiale,
- il faut dégager des normes aussi revisitables et objectives que possible.
Rédigé par Jean-Luc Lataillade